+ L’Acajou (Paris 16) / ♥ En amoureux ♥
PRIVILEGE de cheminot, le test du jour se déroule sur Paris, dans le 16ème arrondissement. Privilège oui, car nous avons effectué un aller-retour éclair en ce lundi de Pentecôte férié (pas pour tout le monde…!), pour déjeuner dans le restaurant de Jean IMBERT, vainqueur de l’émission Top Chef, édition 2012.
A force de le voir réaliser des plats somptueux à la TV, j’avais donc décidé de faire la surprise à Madame en allant goûter les fameux mets de cet ex-apprenti de l’école Bocuse. La première découverte n’est pas culinaire mais géographique : le quartier dans lequel le restaurant se situe est pour le moins huppé. Le décor est planté, il ne reste plus qu’à pénétrer dans le lieu convoité…
Les premiers pas se font donc dans un cadre très sombre. Tout est noir. Du sol au plafond. L’ambiance est ultra tendance et à la fois assez cosy. Une grande tablée prédomine dans l’espace tout en longueur. Nous serons placés sur une table pour deux, baguette aux graines et beurre carotte/piment d’Espelette à disposition…Notre plaisir commence !
En ce midi la formule est à 40€ (comptez 70€ pour celle du soir). La serveuse nous annonce les plats du jour. Première très bonne surprise, il n’y a pas une mais deux entrées à déguster. Viande ou poisson en guise de plat de résistance, puis double dose de desserts. Deuxième bon point ! Le temps de savourer quelques tartines de beurre sur le pain frais et craquant à la fois, les entrées arrivent sans tarder. L’une est chaude : « œuf à la française » selon la dénomination. L’autre est froide : salade de tomates variées. Chacun des plats est différent.
L’œuf est cuit mollet, la sauce est fumée, la purée de petits pois et les dés de chorizo viennent ajouter à l’ensemble une véritable impression d’osmose. La dégustation est un doux régal. Coté tomate, on est plus dans le travail du produit à l’état simple. Les tomates sont vertes, jaunes, noires et rigoureusement choisies pour leur goût en bouche. L’eau de tomate et la purée d’avocat apportent une tonalité de fraicheur supplémentaire. Et que dire de ces kumquats séchés dont l’association avec la tomate est une première pour nous, mais sans aucun doute une vraie réussite !
L’arrivée des assiettes suivantes ne se fait pas attendre. Madame s’encanaille d’un bœuf black Angus (rien que ça !) et de sa purée de carottes au cumin (épice qu’elle n’apprécie pas forcément à l’accoutumée). Pour ma part, ce sera cabillaud, purée de fenouil, tapenade d’olives noires et salade de fenouil croquant. Du fait de son goût anisé assez prononcé, le fenouil est pourtant un aliment pas forcément prisé par mon palais. Je tente malgré tout l’expérience non sans une légère appréhension. Finalement, l’option sera payante car l’ensemble du plat est harmonieux bien que un peu salé à cause de la tapenade. Le poisson est cuit comme on l’aime dans ces grandes tables… Si mon assiette sera vite engloutie, celle d’en face le sera tout autant.
La race de la viande est mondialement connue et la cuisson parfaitement réalisée. L’accord carotte/cumin est savamment dosé. Avec la viande à point par-dessus, l’orgasme gustatif est presque atteint ! Les quelques carottes crues apportées à la purée tombent à point nommé pour amener le coté croquant dans le plat. Une belle réussite de plus.
Il est temps de passer au clou du spectacle avec le dessert. Ou plutôt les desserts puisque là aussi, comme pour les entrées, nous n’avons pas eu à choisir lequel nous voulions déguster, les deux nous étaient imposés ! L’un est au chocolat, l’autre est fruité.
Le premier est donc une sorte de mousse/crème chocolat qui recouvre une glace nougatine et des pralines croquantes. Mais pour avoir toutes ces saveurs en bouche, le chef joue avec votre curiosité. Le dessert est servi dans de grands contenants et le fait même d’aller piocher les cuillérées au fond du récipient pour en découvrir les différents goûts et textures est aussi intéressant que divertissant. Car au final, la crème chocolatée seule apparait un peu amère mais le coté glacé de la nougatine et le croquant sucré des pralines viennent rééquilibrer l’ensemble de très belle manière !
Pas de suspense pour le bilan de ce test parisien : dans un cadre sombre et élégant, nous nous sommes régalés de bout en bout. Nous recommandons donc cette table à tous les parisiens d’abord (veinards !) et à tous les amoureux de cuisine gastro ensuite. L’escale en vaut la peine, vraiment.